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Page:Les Loisirs du chevalier d'Eon t1.djvu/45

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genre humain. L’abus qu’il fait de la puissance dont il est revêtu, le fait craindre comme il veut l’être : mais il est haï, détesté, & doit plus redouter ses sujets que ses sujets n’ont lieu de le craindre.

Lorsque je ferai dans le cas de parler des diverses sectes qui partagent la religion des peuples de l’Europe & qui les gouvernent, je me garderai, autant qu’il me fera possible, de rien décider. Outre le danger qu’il y a toujours de traiter en philosophe une matière aussi délicate, je dirois volontiers avec ce Brame indien : « J’ai vu, dans le cours de mes voyages, toutes les sectes s’accuser réciproquement d’imposture, j’ai vu tous les mages disputer avec fureur du premier principe & de la dernière fin : je les ai tous interrogés, & je n’ai vu dans tous les chefs de faction qu’une opiniâtreté inflexible, un mépris superbe pour les autres, & une haine implacable. J’ai donc résolu de n’en croire aucun. »

Ces docteurs, en cherchant la vérité, sont comme une femme qui veut faire entrer son amant par une porte dérobée & qui ne peut en trouver la clef. Les hommes dans leurs vaines recherches sur cet article ressemblent à celui qui mon-