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Page:Les Loisirs du chevalier d'Eon t1.djvu/48

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liberté ne perdit à Rome que les maux qu’elle peut causer ; & à Londres sous GEORGE III. elle ne perd rien du bonheur qu’elle peut produire.

Les plus célèbres génies ont témoigné tant de doutes sur les connoissances humaines, qu’avec eux je suspens mon jugement sur les choses qui présentent de l’incertitude. Le faux sait si bien prendre l’apparence du vrai, & le vrai est si sujet à être confondu avec le faux, qu’il est presque impossible de parler avec certitude de certaines vérités. Les préjugés de l’éducation, les fausses préventions, l’attachement à son pays, l’indiscrète affection pour l’état qu’on a embrassé, la superstition, l’amour-propre, la crainte, l’amitié, la haine, enfin toutes les passions semblent, à l’envi les unes des autres, s’empresser à nous aveugler ou du-moins à nous séduire. Si le climat, le gouvernement & la religion impriment ces préjugés qui influent sur tous les êtres, comment les écrivains s’en rendroient-ils supérieurs ? Sur-tout quand on pense que les admettre, c’est trouver le seul moyen d’expliquer l’énigme de ce monde. Sans chercher à rendre cette dernière plus incompréhensible, j’espère faire voir qu’on peut rendre inutiles ces prétendus obstacles, & que, plus on parvient