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Page:Les Loisirs du chevalier d'Eon t1.djvu/51

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abandonner toute prétention à la gloire. Ils vivent par leurs écrits, & ceux-ci meurent avec eux. En vain la noblesse de l’expression, la délicatesse de stile, la subtilité de l’imagination s’unissent-elles pour donner un beau jour à des faits odieux cela ravit un instant parce que cela étonne : mais le lecteur finit par mépriser celui qui emploie tant de ressorts pour le tromper ; & voilà la situation du plus grand nombre des écrivains politiques.

Qui veut donc peindre pour l’immortalité, doit peindre des sots. La réputation de Paracelse, qui a si bien écrit sur les vertus des génies, est morte, lorsque celle de Molière, qui s’est contenté d’écrire les sottises du monde, vivra tant qu’il y aura des hommes.

Je n’entrerai pas dans un plus grand détail sur les différentes parties qui doivent remplir le projet que je me suis formé. Nulle considération ne pourra m’empêcher de les traiter d’une façon aussi impartiale que sincère.

Puisque mes anciens ouvrages ont paru dignes de l’indulgence du public, j’ose me flatter de l’obtenir pour celui-ci, avec d’autant moins de difficulté, que le sujet en est plus compliqué, & que par reconnoissance j’ai fait plus d’efforts pour mériter son approbation.