CHAPITRE XIX
Je vais maintenant vous parler de Cambaluc, la capitale du Catay, où est le palais du grand Khan. Je vous dirai pourquoi et comment elle fut faite.
Il y avait là autrefois une vaste et noble cité. Elle s’appelait Cambaluc ce qui veut dire en notre langue : « La cité du Khan ». Le grand Khan sut par ses astrologues que cette ville devait se révolter contre lui. Alors, il fit construire, à côté, une ville nouvelle séparée par une rivière et y transporta les habitants.
La ville a 24 milles de tour : elle forme un carré de six milles sur chaque face. Elle est entourée de murs de terre qui, à la base, sont épais de dix pas mais vont en se rétrécissant, si bien qu’au sommet ils n’ont que trois pas. Ils sont hauts de dix pas et crénelés ; les créneaux sont blancs.
La ville a douze portes. Auprès de chacune s’élève un grand et beau palais. Il y en a aussi à chaque angle. Chaque face de la muraille a donc trois portes et cinq palais. Tous contiennent des salles spacieuses où sont les armes de la garnison. Les rues sont si droites qu’on y voit d’un bout à l’autre ; elles sont percées de telle sorte que le regard va d’une porte à l’autre. On trouve en quantité, beaux palais, beaux hôtels, belles mai-