Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vers la marchandise précieuse, et plus large est pour lui le profit, compensateur du risque. Andrea, le frère aîné de Nicolo et de Matteo, avait fondé un comptoir sur les bords de la Mer Noire, à Soudak, ville de Crimée. Sans doute, il se trouvait bien de son initiative, car Nicolo et Matteo, qu’agitait le désir de « gagner », résolurent d’aller de ce côté pour tenter leur chance. La grande difficulté pour les commerçants d’alors était de garder dans la main leurs capitaux en vue des occasions avantageuses. Les deux frères recoururent au procédé habituel. Ils vendirent leurs biens, achetèrent des joyaux pour lesquels ils n’étaient pas embarrassés de trouver preneur, et ils partirent.

Arrivés à Soudak, ils se trouvent à l’extrême frontière des pays gréco-latins. Par delà, s’étend la mystérieuse et profonde Asie, l’Asie pleine de terreurs et de richesses. Depuis des siècles, elle exerce sur les Grecs, puis sur les Romains, et maintenant sur leurs héritiers de France et d’Italie, sa fascination. Les frères Polo savent que la fortune de l’Occident est faite de quelques bribes échappées à ses immenses trésors. L’Asie Mineure n’est qu’un lieu de transit ; ce sont les produits venus d’ailleurs qui fournissent le plus clair des échanges commerciaux. La soie, les épices, les perles, les diamants, tout part de contrées très lointaines.

Quelles contrées ? Les frères Polo ne le savent pas avec précision. Les voyageurs d’alors, quand ils n’étaient pas des pèlerins, n’étaient que des marchands. Les Arabes, navigateurs ou caravaniers, ten-