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CHAPITRE XXXIII

Le Caraïan et ses serpents monstrueux


La province de Caraïan[1] produit du blé et du riz, mais le blé y est mauvais et les habitants ne font pas de pain ; ils se nourrissent de riz ; ils en fabriquent aussi un breuvage limpide et de goût excellent. Comme monnaie, ils se servent de coquillages blancs comme de la porcelaine qu’on trouve dans la mer et qui viennent des Indes. Ils mangent la viande crue. Ils prennent le foie au moment où on le retire de l’animal, le coupent en menus morceaux et le mettent dans une sauce faite d’eau chaude et d’épices.

Les ruisseaux et les lacs contiennent en abondance des paillettes d’or. L’or est commun dans le pays et ne vaut que six fois l’argent.

Dans cette contrée vivent des serpents d’une grosseur si démesurée que leur aspect épouvante ceux qui les voient. Ils sont d’une laideur étonnante. Ils ont dix pas de long, tantôt plus, tantôt moins. Ils sont gros comme une tonne. Ils ont deux jambes par devant, près de la tête, mais n’ont pas de pattes, sinon une griffe semblable à celle d’un lion ou d’un faucon. Leur tête est énorme et leurs yeux plus grands qu’un grand

  1. Le Yun-nân.