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Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/204

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grande Ourse n’y sont visibles. Pendant leur séjour, Marco Polo et ses compagnons se retranchaient dans des abris en bois pour échapper aux attaques des cannibales.

Les habitants n’ont pas de blé et se nourrissent de riz. En guise de vin, ils usent d’un breuvage qu’ils se procurent de la façon que je vais dire. Il croît dans leur île une espèce de palmier de petite taille. Ils en coupent une branche, puis mettent un grand vase au dessous de l’entaille, le vase se remplit en un jour et une nuit. Ce vin est excellent à boire, il y en a de blanc et de rouge.

Quand on quitte le royaume de Samara, on entre dans celui d’Anguinan. Les indigènes sont idolâtres. Ils ont une coutume très mauvaise.

Lorsque l’un d’entre eux tombe malade, ils font venir les enchanteurs et les consultent sur ce qui doit advenir du patient. Si les enchanteurs disent qu’il doit guérir, on attend la guérison. Mais s’ils répondent qu’il mourra, on fait venir des hommes chargés de cet office qui l’étouffent en lui couvrant de vêtements le visage. Quand il est mort, on fait cuire son corps et tous ses parents le mangent. Ils sucent soigneusement les os pour n’y point laisser trace de moelle, car, disent-ils, s’il restait une parcelle de moelle, elle engendrerait des vers qui périraient bientôt faute de nourriture. L’âme du mort serait responsable. Pour éviter cet inconvénient, ils mangent tout. Ils recueillent ensuite les os dans des coffres qu’ils placent hors de l’atteinte des bêtes. S’ils s’emparent d’un étranger qui