Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/30

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Comme ils étaient arrivés à Layas, le Sultan d’Égypte Bibars envahit la Syrie, appelé par les Musulmans de ce pays pour les défendre contre les Mongols d’Houlagou. Bibars entra dans Layas que ses habitants avaient abandonnée et la livra aux flammes. Les deux frères prêcheurs ne semblent pas avoir eu une âme de martyrs. La peur les prit : remettant aux Polo tous les messages que leur avait confiés le Pape, ils laissèrent là leur mission et s’embarquèrent pour l’Europe. Les Vénitiens, eux, montrèrent plus de courage. Ils avaient l’habitude de la guerre et comptaient sur la protection divine et sur leur chance. Malgré les dangers, ils poursuivirent leur voyage. Ils furent assez heureux pour franchir sans encombre les régions où l’on se battait et entrèrent bientôt dans les territoires soumis au Grand Khan. Dès lors, ils se trouvèrent en pleine sécurité. Leur voyage ne dura pas moins de trois ans et demi. Les conditions étaient les mêmes qu’à l’aller ; le froid extrême les obligeait à s’arrêter tout l’hiver. Enfin, ils approchèrent de Kaï-Ping-Fou, à 70 lieues de Pékin, où Khoubilaï avait sa résidence d’été. Sitôt que l’empereur eut connaissance de leur venue, il envoya au-devant d’eux, jusqu’à 40 jours de marche, et les fit conduire auprès de sa personne.

Dès qu’ils furent en sa présence, ils s’agenouillèrent devant lui. Il les releva et, leur témoignant la grande joie qu’il avait de les revoir, il s’enquit avec intérêt des circonstances de leur voyage. Ils satisfirent sa curiosité et lui remirent les lettres du Pape, ainsi que l’huile du Saint-Sépulcre. Il s’en montra ravi. Puis,