Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/42

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d’une Cour digne des Mille et Une Nuits. Ils avaient pris des habitudes de faste qui étonnaient les Vénitiens eux-mêmes, si orgueilleux de leurs richesses et si portés à l’ostentation. Le « palais des millionnaires », tel fut le nom que la foule donna à la demeure des Polo.

Marco Polo s’était tout de suite retrouvé Vénitien. Pendant ses longues aventures au sein de l’Orient, il avait conservé dans son cœur l’amour de la cité natale. Le dignitaire de Khoubilaï restait, si haut placé qu’il fût, un de ces marchands vénitiens, qui, en s’enrichissant, enrichissaient leur patrie. Gênes et Venise étaient alors en guerre. Marco Polo équipa une galère à ses frais et la conduisit lui-même à la bataille. En 1296, dans le golfe de Layas, la flotte vénitienne fut vaincue. Vingt-cinq galères furent détruites ou tombèrent au pouvoir des Génois. Marco Polo fut au nombre des prisonniers. Il fut retenu à Gênes plusieurs années. Les prisonniers, comme tous les oisifs, aiment les récits. Marco Polo égayait ses compagnons et s’égayait lui-même en racontant ce qu’il avait vu autrefois. Du fond de son étroite prison, il évoquait la Chine, avec ses villes immenses et ses habitants sans nombre, les palais du grand Khan emplis de trésors et peuplés d’esclaves. Les auditeurs écoutaient, amusés et ravis, comme des enfants écoutent des contes de fées.

La célébrité de Marco se répandait parmi eux. Bientôt l’idée lui vint que ses récits pouvaient plaire à un large public. Avec lui, prisonnier comme lui, vivait un écrivain alors connu, Rusticien de Pise. Il avait compilé et abrégé les romans de la Table Ronde. Il