Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/75

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front. Ils sont excellents chasseurs et prennent force bêtes sauvages. Ils ont pour tout vêtement les peaux des bêtes qu’ils capturent : et chacun d’eux sait préparer lui-même le cuir pour en faire vêtements et chaussures.

Quand on a ainsi chevauché trois jours, on trouve une ville qui a nom Casem[1] et qui est dans un pays de montagne. Un grand fleuve la traverse. Les porcs-épics y foisonnent et sont de grande taille. Quand les chasseurs les attaquent avec des chiens, ils se rassemblent, puis une fois rassemblés, rentrent en boule et, dardant contre les chiens les épines qu’ils portent sur leur dos, ils leurs font de profondes blessures.

En la province de Balarian[2] naissent les rubis balais qui sont de très belles pierres et de grande valeur. On les trouve dans des rochers, après avoir creusé sous terre profondément, comme dans les mines d’argent. Ils n’existent que dans une seule montagne qui a nom Sygnina. Le roi fait creuser ces mines pour lui seul : qui oserait en ouvrir serait aussitôt mis à mort. Nul ne peut non plus faire sortir les rubis du royaume. Le roi les amasse tous et les envoie à d’autres rois soit pour s’acquitter d’un tribut, soit en témoignage d’amitié. Il en vend aussi contre or et argent. Il prend ces précautions pour que les rubis conservent leur valeur, car s’il laissait chacun en chercher librement, on en extrairait tant que le monde en serait plein et qu’ils ne seraient plus estimés. Aussi le

  1. Kechem.
  2. Balahchan.