Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/89

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De cette manière, l’un et l’autre firent leurs préparatifs. Pourquoi vous ferais-je un long récit ? Gengis-Khan, avec toute son armée, s’en vint dans une plaine très vaste qui a nom Tanduc et qui appartenait au Prêtre Jean. Il y établit son camp et telle était la multitude de ses soldats que lui-même n’en savait pas le nombre. On lui apprit que le Prêtre Jean approchait ; il fut tout joyeux de cette nouvelle, car le lieu était très propre à livrer bataille. Il résolut donc de s’arrêter là et il attendait avec impatience son adversaire.

Celui-ci, à la tête de ses soldats, était de son côté arrivé dans cette plaine de Tanduc. Il plaça son camp à vingt milles de celui de Gengis-Khan. Pendant deux jours, les deux armées se reposèrent afin d’être plus fraîches et plus ardentes à la bataille.

Gengis-Khan fit venir devant lui des astrologues chrétiens et musulmans. Il leur demanda qui remporterait la victoire, de lui ou du Prêtre Jean. Les musulmans cherchèrent mais ne surent pas dire la vérité. Les chrétiens, eux, la dirent et la prouvèrent. Prenant une tige de bambou, ils la coupèrent par le milieu. Sur l’un des morceaux ils écrivirent : Gengis-Khan ; sur l’autre : Prêtre Jean. Ils dirent au prince : « Regardez et vous allez connaître avec certitude qui dans cette bataille doit avoir le meilleur : celui qui montera sur l’autre, celui-là doit gagner la bataille. »

Après quoi, ils récitèrent un psaume et firent d’autres prières. Aussitôt, à la vue de tous, le bambou où était le nom de Gengis-Khan, rejoignit, sans que per-