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CONTES ORIENTAUX

plaira, lui répondit Aboulcasem, je ne découvrirai point mon trésor. »

À peine eut-il achevé ces paroles, que le lâche et cruel Aboulfatah fit tenir par ses esclaves le malheureux fils d’Abdelaziz, et tira de dessous sa robe un fouet de courroies de peau de lion entortillées, dont il le frappa longtemps et avec tant de violence, que ce jeune homme s’évanouit. Quand le vizir le vit en cet état, il commanda à ses esclaves de le remettre dans le cercueil, et, le laissant dans le tombeau, qu’il fit bien fermer, il se retira chez lui.

Il alla le lendemain matin rendre compte au roi de ce qu’il avait fait. « Sire, lui dit-il, j’éprouvai hier la fermeté d’Aboulcasem. Elle ne s’est point encore démentie ; mais je ne crois pas qu’elle résiste aux tourments que je lui prépare. » Le prince, qui n’était guère moins barbare que son ministre, lui dit : « Vizir, je suis content de vous. J’espère que nous apprendrons bientôt dans quel lieu est le trésor. Cependant il faudra renvoyer le courrier sans différer davantage. Qu’allons-nous écrire au calife ? — Mandons-lui, répondit Aboulfatah, qu’Aboulcasem ayant appris qu’on lui donnait votre place, en a conçu tant de joie, et en a fait de si grandes réjouissances, qu’il est mort subitement dans une débauche. » Le roi approuva cette pensée. Ils écrivirent sur-le-champ à Haroun-al-Raschid, et lui renvoyèrent son courrier.

Le vizir, qui se flattait qu’Aboulcasem, dès ce jour-là, lui découvrirait son trésor, sortit de la ville dans la résolution de lui aller faire souffrir de nouveaux supplices. Mais étant arrivé au tombeau, il fut surpris d’en trouver la porte ouverte. Il entra tout troublé, et ne voyant plus dans le cercueil le fils d’Abdelaziz, il en pensa perdre l’esprit. Il retourna promptement au