Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
LES MILLE ET UNE NUITS,

dant le pêcheur d’un air fier, lui répondit : « Parle-moi plus civilement ; tu es bien hardi de m’appeler esprit superbe. » « Hé bien, repartit le pêcheur, vous parlerai-je avec plus de civilité, en vous appelant hibou du bonheur ? » « Je te dis, repartit le génie, de me parler plus civilement avant que je te tue. » « Hé pourquoi me tueriez-vous, répliqua le pêcheur ? Je viens de vous mettre en liberté ; l’avez-vous déjà oublié ? » « Non, je m’en souviens, repartit le génie, mais cela ne m’empêchera pas de te faire mourir ; et je n’ai qu’une seule grâce à t’accorder. » « Et quelle est cette grâce, dit le pêcheur ? » « C’est, répondit le génie, de te laisser choisir de quelle manière tu veux que je te tue. » « Mais en quoi vous ai-je offensé, reprit le pêcheur ? Est-ce ainsi que vous voulez me récompenser du bien que je vous ai fait ? » « Je ne puis te traiter autrement, dit le génie ; et afin que tu en sois persuadé, écoute mon histoire :