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CONTES ARABES.

« Tes prières, répondit le roi, sont inutiles ; et quand ce ne seroit que pour entendre parler ta tête après ta mort, je veux que tu meures. » En disant cela, il prit le livre des mains du médecin, et ordonna au bourreau de faire son devoir.

« La tête fut coupée si adroitement, qu’elle tomba dans le bassin ; et elle fut à peine posée sur la couverture, que le sang s’arrêta. Alors, au grand étonnement du roi et de tous les spectateurs, elle ouvrit les yeux ; et prenant la parole : « Sire, dit-elle, que votre majesté ouvre le livre. » Le roi l’ouvrit ; et trouvant que le premier feuillet étoit comme collé contre le second, pour le tourner avec plus de facilité, il porta le doigt à sa bouche, et le mouilla de sa salive. Il fit la même chose jusqu’au sixième feuillet ; et ne voyant pas d’écriture à la page indiquée : « Médecin, dit-il à la tête, il n’y a rien d’écrit. » « Tournez encore quelques feuillets, repartit la tête. Le roi continua d’en tourner, en portant toujours le doigt à sa