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LES MILLE ET UNE NUITS,

moins bons qu’ils sont beaux. « Le visir les porta lui-même à la cuisinière, et les lui remettant entre les mains : « Voilà, lui dit-il, quatre poissons qu’on vient d’apporter au sultan ; il vous ordonne de les lui apprêter. » Après s’être acquitté de cette commission, il retourna vers le sultan son maître, qui le chargea de donner au pêcheur quatre cents pièces d’or de sa monnoie ; ce qu’il exécuta très-fidèlement. Le pêcheur, qui n’avoit jamais possédé une si grande somme à la fois, concevoit à peine son bonheur, et le regardoit comme un songe. Mais il connut dans la suite qu’il étoit réel par le bon usage qu’il en fit, en l’employant aux besoins de sa famille.

Mais, sire, poursuivit Scheherazade, après vous avoir parlé du pêcheur, il faut vous parler aussi de la cuisinière du sultan, que nous allons trouver dans un grand embarras. D’abord qu’elle eut nettoyé les poissons que le visir lui avoit donnés, elle les mit sur le feu dans une