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CONTES ARABES.

et d’où vient que vous y êtes seul ? » Au lieu de répondre à ces questions, le jeune homme se mit à pleurer amèrement. « Que la fortune est inconstante, s’écria-t-il ! Elle se plaît à abaisser les hommes qu’elle a élevés. Où sont ceux qui jouissent tranquillement d’un bonheur qu’ils tiennent d’elle, et dont les jours sont toujours purs et sereins ? »

Le sultan, ému de compassion de le voir en cet état, le pria très-instamment de lui dire le sujet d’une si grande douleur. « Hélas ! seigneur, lui répondit le jeune homme, comment pourrois-je ne pas être affligé ; et le moyen que mes yeux ne soient pas des sources intarissables de larmes ? » À ces mots ayant levé sa robe, il fit voir au sultan qu’il n’étoit homme que depuis la tête jusqu’à la ceinture, et que l’autre moitié de son corps étoit de marbre noir…

En cet endroit, Scheherazade interrompit son discours, pour faire remarquer au sultan des Indes que le jour paroissoit. Schahriar fut telle-