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CONTES ARABES.

à leur tour. Enfin, la compagnie fut de très-bonne humeur pendant le repas, qui dura fort long-temps, et fut accompagné de tout ce qui pouvoit le rendre agréable.

» Le jour alloit bientôt finir, lorsque Safie, prenant la parole au nom des trois dames, dit au porteur : « Levez-vous, partez, il est temps de vous retirer. » Le porteur, ne pouvant se résoudre à les quitter, répondit : « Eh, mesdames, où me commandez-vous d’aller en l’état où je me trouve ? Je suis hors de moi-même, à force de vous voir et de boire : je ne retrouverois jamais le chemin de ma maison. Donnez-moi la nuit pour me reconnoître ; je la passerai où il vous plaira ; mais il ne me faut pas moins de temps pour me remettre dans le même état où j’étois lorsque je suis entré chez vous ; avec cela, je doute encore si je n’y laisserai pas la meilleure partie de moi-même. »

» Amine prit une seconde fois le parti du porteur. « Mes sœurs, dit-