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CONTES ARABES.

terre, et retournai à la ville avec une charge de bois, que j’accommodai sans savoir ce que je faisois, tant j’étois troublé et affligé.

» Le tailleur mon hôte marqua une grande joie de me revoir. « Votre absence, me dit-il, m’a causé beaucoup d’inquiétude, à cause du secret de votre naissance que vous m’avez confié. Je ne savois ce que je devois penser, et je craignois que quelqu’un ne vous eût reconnu. Dieu soit loué de votre retour. » Je le remerciai de son zèle et de son affection ; mais je ne lui communiquai rien de ce qui m’étoit arrivé, ni de la raison pour laquelle je retournois sans cognée et sans babouches. Je me retirai dans ma chambre, où je me reprochai mille fois l’excès de mon imprudence. « Rien, me disois-je, n’auroit égalé le bonheur de la princesse et le mien, si j’eusse pu me contenir, et que je n’eusse pas brisé le talisman. » Pendant que je m’abandonnois à ces pensées affligeantes, le tailleur entra, et me dit : « Un vieillard que je ne con-