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CONTES ARABES.

pour elle. Je reculai alors, et jetant le sabre par terre : « Je serois, dis-je au génie, éternellement blâmable devant tous les hommes, si j’avois la lâcheté de massacrer, je ne dis pas une personne que je ne connois point, mais même une dame comme celle que je vois, dans l’état où elle est, prête à rendre l’âme. Vous ferez de moi ce qui vous plaira, puisque je suis à votre discrétion ; mais je ne puis obéir à votre commandement barbare. »

« Je vois bien, dit le génie, que vous me bravez l’un et l’autre, et que vous insultez à ma jalousie ; mais par le traitement que je vous ferai, vous connoîtrez tous deux de quoi je suis capable. » À ces mots, le monstre reprit le sabre, et coupa une des mains de la princesse, qui n’eut que le temps de me faire un signe de l’autre, pour me dire un éternel adieu ; car le sang qu’elle avoit déjà perdu, et celui qu’elle perdit alors, ne lui permirent pas de vivre plus d’un moment ou deux après cette dernière