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CONTES ARABES.

et je sens qu’il me consume peu-à-peu. Cela ne seroit point arrivé, si je m’étois aperçu du dernier grain de la grenade, et que je l’eusse avalé comme les autres, lorsque j’étois changée en coq. Le génie s’y étoit réfugié comme en son dernier retranchement ; et de là dépendoit le succès du combat, qui auroit été heureux et sans danger pour moi. Cette faute m’a obligée de recourir au feu, et de combattre avec ces puissantes armes, comme je l’ai fait entre le ciel et la terre, et en votre présence. Malgré le pouvoir de son art redoutable et son expérience, j’ai fait connoître au génie que j’en savois plus que lui ; je l’ai vaincu, et réduit en cendres. Mais je ne puis échapper à la mort qui s’approche…

Scheherazade interrompit en cet endroit l’histoire du second Calender, et dit au sultan : « Sire, le jour qui paroît, m’avertit de n’en pas dire davantage ; mais si votre majesté veut bien encore me laisser vivre jusqu’à demain, elle entendra la fin de cette