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CONTES ARABES.

et de tant d’hommes qui ont été submergés en cet endroit, et qu’elle ne cessera d’être funeste à tous ceux qui auront le malheur d’en approcher jusqu’à ce qu’elle soit renversée. »

» Le pilote, ayant tenu ce discours, se remit à pleurer, et ses larmes excitèrent celles de tout l’équipage. Je ne doutai pas moi-même que je ne fusse arrivé à la fin de mes jours. Chacun toutefois ne laissa pas de songer à sa conservation, et de prendre pour cela toutes les mesures possibles ; et dans l’incertitude de l’événement, ils se firent tous héritiers les uns des autres, par un testament en faveur de ceux qui se sauveroient.

» Le lendemain matin, nous aperçûmes à découvert la Montagne Noire ; et l’idée que nous en avions conçue, nous la fit paroître plus affreuse qu’elle n’étoit. Sur le midi, nous nous en trouvâmes si près, que nous éprouvâmes ce que le pilote nous avoit prédit. Nous vîmes voler les clous et tous les autres ferremens de la flotte vers la montagne, où, par la violence de l’attrac-