Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
CONTES ARABES.

leurs habits, ils rentrèrent par la porte secrète dans le palais du sultan ; et Masoud, qui étoit venu de dehors par-dessus la muraille du jardin, s’en retourna par le même endroit.

Comme toutes ces choses s’étoient passées sous les yeux du roi de la Grande Tartarie, elles lui donnèrent lieu de faire une infinité de réflexions. « Que j’avois peu de raison, disoit-il, de croire que mon malheur étoit si singulier ! C’est sans doute l’inévitable destinée de tous les maris, puisque le sultan mon frère, le souverain de tant d’états, le plus grand prince du monde, n’a pu l’éviter. Cela étant, quelle foiblesse de me laisser consumer de chagrin ! C’en est fait : le souvenir d’un malheur si commun ne troublera plus désormais le repos de ma vie. » En effet, dès ce moment il cessa de s’affliger ; et comme il n’avoit pas voulu souper qu’il n’eût vu toute la scène qui venoit d’être jouée sous ses fenêtres, il fit servir alors, mangea de meilleur appétit qu’il n’avoit fait depuis son départ de Samarcande, et entendit