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CONTES ARABES.

me il ne branloit pas je le frappai d’une houssine que j’avois ramassée dans son écurie magnifique. À peine eut-il senti le coup, qu’il se mit à hennir avec un bruit horrible ; puis étendant des ailes, dont je ne m’étois point aperçu, il s’éleva dans l’air à perte de vue. Je ne songeai plus qu’à me tenir ferme ; et malgré la frayeur dont j’étois saisi, je ne me tenois point mal. Il reprit ensuite son vol vers la terre, et se posa sur le toit en terrasse d’un château, où, sans me donner le temps de mettre pied à terre, il me secoua si violemment, qu’il me fit tomber en arrière ; et du bout de sa queue il me creva l’œil droit.

» Voilà de quelle manière je devins borgne. Je me souvins bien alors de ce que m’avoient prédit les dix jeunes seigneurs. Le cheval reprit son vol, et disparut. Je me relevai fort affligé du malheur que j’avois cherché moi-même. Je marchai sur la terrasse, la main sur mon œil, qui me faisoit beaucoup de douleur. Je descendis, et me trouvai dans un sa-