Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
LES MILLE ET UNE NUITS,

sus, de peur de vous déplaire. Cependant, sans que j’y aie contribué en aucune manière, je vous trouve à mon retour de la meilleure humeur du monde et l’esprit entièrement dégagé de cette noire vapeur, qui en troubloit tout l’enjouement. Dites-moi de grâce, pourquoi vous étiez si triste, et pourquoi vous ne l’êtes plus ? »

À ce discours, le roi de la Grande Tartarie demeura quelque temps rêveur, comme s’il eût cherché ce qu’il avoit à y répondre. Enfin il repartit dans ces termes : « Vous êtes mon sultan et mon maître ; mais dispensez-moi, je vous supplie, de vous donner la satisfaction que vous me demandez. » « Non, mon frère, répliqua le sultan, il faut que vous me l’accordiez ; je la souhaite, ne me la refusez pas. » Schahzenan ne put résister aux instances de Schahriar. « Hé bien ! mon frère, lui dit-il, je vais vous satisfaire, puisque vous me le commandez. » Alors il lui raconta l’infidélité de la reine de Samarcande ;