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CONTES ARABES.

une autre pour la nuit suivante. Quelque répugnance qu’eût le visir à exécuter de semblables ordres, comme il devoit au sultan son maître une obéissance aveugle, il étoit obligé de s’y soumettre. Il lui mena donc la fille d’un officier subalterne, qu’on fit aussi mourir le lendemain. Après celle-là, ce fut la fille d’un bourgeois de la capitale ; et enfin chaque jour c’étoit une fille mariée, et une femme morte.

Le bruit de cette inhumanité sans exemple causa une consternation générale dans la ville. On n’y entendoit que des cris et des lamentations. Ici c’étoit un père en pleurs qui se désespéroit de la perte de sa fille ; et là c’étoient de tendres mères, qui, craignant pour les leurs la même destinée, faisoient par avance retentir l’air de leurs gémissemens. Ainsi, au lieu des louanges et des bénédictions que le sultan s’étoit attirées jusqu’alors, tous ses sujets ne faisoient plus que des imprécations contre lui.

Le grand-visir, qui, comme on