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LES MILLE ET UNE NUITS,

s’obstinoit à rejeter toujours les bonnes raisons dont on combattoit son opiniâtreté, ils se mirent à pleurer amèrement. Le marchand lui-même ne savoit plus où il en étoit. Assis seul auprès de la porte de sa maison, il délibéroit déjà s’il sacrifieroit sa vie pour sauver celle de sa femme qu’il aimoit beaucoup.

» Or, ma fille, continua le visir en parlant toujours à Scheherazade, ce marchand avoit cinquante poules et un coq avec un chien qui faisoit bonne garde. Pendant qu’il étoit assis, comme je l’ai dit, et qu’il rêvoit profondément au parti qu’il devoit prendre, il vit le chien courir vers le coq qui s’étoit jeté sur une poule, et il entendit qu’il lui parla dans ces termes : « Ô coq ! Dieu ne permettra pas que tu vives encore long-temps ! N’as-tu pas honte de faire aujourd’hui ce que tu fais ? » Le coq monta sur ses ergots, et se tournant du côté du chien : « Pourquoi, répondit-il fièrement, cela me seroit-il défendu aujourd’hui plutôt que les au-