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CONTES ARABES.

que la femme de ce marchand. »

« Mon père, dit alors Scheherazade, de grâce, ne trouvez point mauvais que je persiste dans mes sentimens. L’histoire de cette femme ne sauroit m’ébranler. Je pourrois vous en raconter beaucoup d’autres qui vous persuaderoient que vous ne devez pas vous opposer à mon dessein. D’ailleurs, pardonnez-moi si j’ose vous le déclarer, vous vous y opposeriez vainement : quand la tendresse paternelle refuseroit de souscrire à la prière que je vous fais, j’irois me présenter moi-même au sultan. »

Enfin, le père, poussé à bout par la fermeté de sa fille, se rendit à ses importunités ; et quoique fort affligé de n’avoir pu la détourner d’une si funeste résolution, il alla dès ce moment trouver Schahriar, pour lui annoncer que la nuit prochaine il lui mèneroit Scheherazade.

Le sultan fut fort étonné du sacrifice que son grand-visir lui faisoit. « Comment avez-vous pu, lui