Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
LES MILLE ET UNE NUITS,

coup, nous gagnerons promptement nos radeaux, et nous nous mettrons en mer. J’avoue qu’en nous exposant à la fureur des flots sur de si fragiles bâtimens, nous courons risque de perdre la vie ; mais quand nous devrions périr, n’est-il pas plus doux de nous laisser ensevelir dans la mer, que dans les entrailles de ce monstre, qui a déjà dévoré deux de nos compagnons ? » Mon avis fut goûté de tout le monde, et nous construisîmes des radeaux capables de porter trois personnes.

» Nous retournâmes au palais vers la fin du jour, et le géant y arriva peu de temps après nous. Il fallut encore nous résoudre à voir rôtir un de nos camarades. Mais enfin, voici de quelle manière nous nous vengeâmes de la cruauté du géant. Après qu’il eut achevé son détestable souper, il se coucha sur le dos et s’endormit. D’abord que nous l’entendîmes ronfler selon sa coutume, neuf des plus hardis d’entre nous, et moi, nous prîmes chacun une broche,