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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/147

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CONTES ARABES.

tes, et je vous apprends que l’on m’enterre aujourd’hui avec ma femme. Telle est la coutume que nos ancêtres ont établie dans cette isle, et qu’ils ont inviolablement gardée : le mari vivant est enterré avec la femme morte, et la femme vivante avec le mari mort. Rien ne peut me sauver ; tout le monde subit cette loi. »

» Dans le temps qu’il m’entretenoit de cette étrange barbarie, dont la nouvelle m’effraya cruellement, les parens, les amis et les voisins arrivèrent en corps pour assister aux funérailles. On revêtit le cadavre de la femme de ses habits les plus riches, comme au jour de ses noces, et on la para de tous ses joyaux.

» On l’enleva ensuite dans une bière découverte, et le convoi se mit en marche. Le mari étoit à la tête du deuil, et suivoit le corps de sa femme. On prit le chemin d’une haute montagne ; et lorsqu’on y fut arrivé, on leva une grosse pierre qui couvroit l’ouverture d’un puits profond, et l’on y descendit le cadavre, sans lui