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LES MILLE ET UNE NUITS,

d’une eau douce et claire qui faisoient d’agréables détours. Je mangeai de ces fruits que je trouvai excellens, et je bus de cette eau qui m’invitoit à boire.

» La nuit venue, je me couchai sur l’herbe dans un endroit assez commode ; mais je ne dormis pas une heure entière, et mon sommeil fut souvent interrompu par la frayeur de me voir seul dans un lieu si désert. Ainsi j’employai la meilleure partie de la nuit à me chagriner, et à me reprocher l’imprudence que j’avois eue de n’être pas demeuré chez moi, plutôt que d’avoir entrepris ce dernier voyage. Ces réflexions me menèrent si loin, que je commençai à former un dessein contre ma propre vie ; mais le jour, par sa lumière, dissipa mon désespoir. Je me levai, et marchai entre les arbres, non sans quelqu’appréhension.

» Lorsque je fus un peu avant dans l’isle, j’aperçus un vieillard qui me parut fort cassé. Il étoit assis sur le bord d’un ruisseau ; je m’imaginai