Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
LES MILLE ET UNE NUITS,

nous étions, faisoit la côte d’une isle fort longue et très-vaste. Cette côte étoit toute couverte de débris de vaisseaux qui y avoient fait naufrage ; et par une infinité d’ossemens qu’on y rencontroit d’espace en espace, et qui nous faisoient horreur, nous jugeâmes qu’il s’y étoit perdu bien du monde. C’est aussi une chose presqu’incroyable, que la quantité de marchandises et de richesses qui se présentoient à nos yeux de toutes parts. Tous ces objets ne servirent qu’à augmenter la désolation où nous étions. Au lieu que par tout ailleurs les rivières sortent de leur lit pour se jeter dans la mer, tout au contraire une grosse rivière d’eau douce s’éloigne de la mer, et pénètre dans la côte au travers d’une grotte obscure, dont l’ouverture est extrêmement haute et large. Ce qu’il y a de remarquable dans ce lieu, c’est que les pierres de la montagne sont de cristal, de rubis, ou d’autres pierres précieuses. On y voit aussi la source d’une espèce de poix ou de bitume