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LES MILLE ET UNE NUITS,

de ma perte, et de me repentir de m’être engagé dans ce dernier voyage. Je n’en demeurai pas même aux réflexions, je m’ensanglantai les mains à belles dents, et peu s’en fallut que je ne hâtasse ma mort.

» Mais Dieu eut encore pitié de moi, et m’inspira la pensée d’aller jusqu’à la rivière qui se perdoit sous la voûte de la grotte. Là, après avoir examiné la rivière avec beaucoup d’attention, je dis en moi-même : « Cette rivière qui se cache ainsi sous la terre, en doit sortir par quelqu’endroit ; en construisant un radeau, et m’abandonnant dessus au courant de l’eau, j’arriverai à une terre habitée, ou je périrai : si je péris, je n’aurai fait que changer de genre de mort ; si je sors au contraire de ce lieu fatal, non-seulement j’éviterai la triste destinée de mes camarades, je trouverai peut-être une nouvelle occasion de m’enrichir. Que sait-on si la fortune ne m’attend pas au sortir de cet affreux écueil, pour me dédommager de mon naufrage avec usure ? »