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CONTES ARABES.

vous dans mes états, et par où y êtes-vous venu ? »

» Je ne cachai rien au roi, je lui fis le même récit que vous venez d’entendre ; et il en fut si surpris et si charmé, qu’il commanda qu’on écrivit mon aventure en lettres d’or pour être conservée dans les archives de son royaume. On apporta ensuite le radeau, et l’on ouvrit les ballots en sa présence. Il admira la quantité de bois d’aloës et d’ambre gris, mais sur-tout les rubis et les émeraudes ; car il n’en avoit point dans son trésor qui en approchassent.

» Remarquant qu’il considéroit mes pierreries avec plaisir, et qu’il en examinoit les plus singulières les unes après les autres, je me prosternai, et pris la liberté de lui dire : « Sire, ma personne n’est pas seulement au service de votre majesté, la charge du radeau est aussi à elle, et je la supplie d’en disposer comme d’un bien qui lui appartient. » Il me dit en souriant : « Sindbad, je me garderai bien d’en avoir la moindre envie, ni de