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CONTES ARABES.

sa cour, les habitans de la ville, et tous ses autres sujets étoient mages, adorateurs du feu, et de Nardoun, ancien roi des géans rebelles à Dieu.

» Quoique né d’un père et d’une mère idolâtres, j’ai eu le bonheur d’avoir dans mon enfance pour gouvernante une bonne dame musulmane, qui savoit l’Alcoran par cœur, et l’expliquoit parfaitement bien. « Mon prince, me disoit-elle souvent, il n’y a qu’un vrai Dieu. Prenez garde d’en reconnoître et d’en adorer d’autres. » Elle m’apprit à lire en arabe ; et le livre qu’elle me donna pour m’exercer, fut l’Alcoran. Dès que je fus capable de raison, elle m’expliqua tous les points de cet excellent livre, et elle m’en inspiroit tout l’esprit à l’insu de mon père et de tout le monde. Elle mourut ; mais ce fut après m’avoir fait toutes les instructions dont j’avois besoin pour être pleinement convaincu des vérités de la religion musulmane. Depuis sa mort, j’ai persisté constamment dans les sentimens qu’elle m’a fait prendre,