Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/389

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
379
CONTES ARABES.

vous supplie, madame, lui dit-il, de m’apprendre s’il y a long-temps que je suis auprès de vous. » « La question me surprend, répondit-elle : est-ce que vous ne vous êtes pas levé d’auprès de moi tout-à-l’heure ? Il faut que vous ayez l’esprit bien préoccupé. » « Madame, reprit Bedreddin, je me souviens, il est vrai, d’avoir été près de vous ; mais je me souviens aussi d’avoir depuis demeuré dix ans à Damas. Si j’ai en effet couché cette nuit avec vous, je ne puis pas en avoir été éloigné si long-temps. Ces deux choses sont opposées. Dites-moi, de grâce, ce que j’en dois penser ; si mon mariage avec vous est une illusion, ou si c’est un songe que mon absence ? » « Oui, Seigneur, repartit Dame de beauté, vous avez rêvé, sans doute, que vous avez été à Damas. » « Il n’y a donc rien de si plaisant, s’écria Bedreddin en faisant un éclat de rire. Je suis assuré, madame, que ce songe va vous paroître très-réjouissant. Imaginez-vous, s’il vous plaît, que je me suis trouvé à la