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CONTES ARABES.

maison pour réjouir sa femme ; il se dit à lui-même : « Avec ses chansons il nous divertira tous deux ce soir. » Il lui en fit la proposition, et le bossu l’ayant acceptée, il ferma sa boutique et le mena chez lui.

Dès qu’ils y furent arrivés, la femme du tailleur, qui avoit déjà mis le couvert, parce qu’il étoit temps de souper, servit un bon plat de poisson qu’elle avoit préparé. Ils se mirent tous trois à table ; mais en mangeant, le bossu avala par malheur une grosse arrête ou un os, dont il mourut en peu de momens, sans que le tailleur et sa femme y pussent remédier. Ils furent l’un et l’autre d’autant plus effrayés de cet accident, qu’il étoit arrivé chez eux, et qu’ils avoient sujet de craindre que si la justice venoit à le savoir, on ne les punît comme des assassins. Le mari néanmoins trouva un expédient pour se défaire du corps mort ; il fit réflexion qu’il demeuroit dans le voisinage un médecin juif ; et là-dessus avant formé un projet, pour com-