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CONTES ARABES.

habits différens, d’une si grande magnificence, qu’ils revenoient à mille sequins chacun, et je commençai au bout de l’année à les porter[1].

« Un jour que j’étois seule occupée à mes affaires domestiques, on me vint dire qu’une dame demandoit à

  1. Tout ce qui est dit ici sur le deuil, est non-seulement contraire aux usages de Mahométans ; mais même aux préceptes de l’Alcoran. En général, on ne connoît point de deuil parmi les sectateurs de Mahomet : les défenses de l’alcoran sont là-dessus expresses ; et pour punir une personne qui s’arracheroit les cheveux en signe de deuil : « le grand Dieu, disent-ils, lui bâtiroit autant de maisons dans l’enfer, qu’elle se seroit arrachée de poils sur la tête » ; ils croient encore que Dieu retrécira le tombeau de tous ceux qui auront porté les habits noirs pendant leur vie, et qu’ils ressusciteront aveugles. Cette opinion tient à celle de la parfaite résignation aux volontés de Dieu, qui est un des dogmes fondamentaux du Mahométisme, et que l’on a souvent, mais, mal-à-propos, confondu avec le fatalisme. Cependant les Persans, sectateurs d’Ali, ont un deuil de quarante jours ; ils portent pendant neuf jours seulement des vêtemens d’une couleur foncée ; mais ils ont pour l’habillement noir la même aversion que les autres Mahométans.