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CONTES ARABES.

autres marchandises que vous avez. » Effectivement je fis le billet, le signai, et le mis entre les mains de Bedreddin. Ensuite présentant l’étoffe à la dame, je lui dis : « Vous pouvez l’emporter, madame ; et quant à l’argent, vous me l’enverrez demain ou un autre jour, ou bien je vous fais présent de l’étoffe, si vous voulez. » « Ce n’est pas comme je l’entends, reprit-elle. Vous en usez avec moi d’une manière si honnête et si obligeante, que je serois indigne de paroître devant les hommes si je ne vous en témoignois pas de la reconnoissance. Que Dieu, pour vous en récompenser, augmente vos biens, vous fasse vivre long-temps après moi, vous ouvre la porte des cieux à votre mort, et que toute la ville publie votre générosité ! »

» Ces paroles me donnèrent de la hardiesse. « Madame, lui dis-je, laissez-moi voir votre visage pour prix de vous avoir fait plaisir : ce sera me payer avec usure. » À ces mots, elle se tourna de mon côté, ôta la mousseline qui lui couvroit le visage, et