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CONTES ARABES.

gent. Je revins, et j’eus encore le bonheur d’entretenir la dame jusqu’à ce que toutes les boutiques du bezestein fussent ouvertes. Quoique nous ne parlassions que de choses très-communes, elle leur donnoit néanmoins un tour qui les faisoit paroître nouvelles, et qui me fit voir que je ne m’étois pas trompé, quand, dès la première conversation, j’avois jugé qu’elle avoit beaucoup d’esprit.

» Lorsque les marchands furent arrivés, et qu’ils eurent ouvert leurs boutiques, je portai ce que je devois à ceux chez qui j’avois pris des étoffes à crédit, et je n’eus pas de peine à obtenir d’eux qu’ils m’en confiassent d’autres que la dame m’avoit demandées. J’en levai pour mille pièces d’or, et la dame emporta encore la marchandise sans la payer, sans me rien dire, ni sans se faire connoître. Ce qui m’étonnoit, c’est qu’elle ne hasardoit rien, et que je demeurois sans caution et sans certitude d’être dédommagé en cas que je ne la revisse plus. « Elle me paie une somme