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LES MILLE ET UNE NUITS,

ôtez-moi de devant les yeux ce vilain homme que voilà. » « Hé, madame, lui dis-je, en quoi puis-je avoir eu le malheur de mériter votre colère ? » « Vous êtes un vilain, me répondit-elle en furie, vous avez mangé de l’ail, et vous ne vous êtes pas lavé les mains ! Croyez-vous que je veuille souffrir qu’un homme si mal-propre s’approche de moi pour m’empester ? Couchez-le par terre, ajouta-t-elle en s’adressant aux dames, et qu’on m’apporte un nerf de bœuf. » Elles me renversèrent aussitôt, et tandis que les unes me tenoient par les bras et les autres par les pieds, ma femme, qui avoit été servie en diligence, me frappa impitoyablement jusqu’à ce que les forces lui manquèrent. Alors elle dit aux dames : « Prenez-le : qu’on l’envoie au lieutenant de police, et qu’on lui fasse couper la main dont il a mangé du ragoût à l’ail. « « À ces paroles, je m’écriai : « Grand Dieu, je suis rompu et brisé de coups, et pour surcroît d’affliction, on me condamne encore à avoir la main cou-