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CONTES ARABES.

d’exercer sur elle une si grande cruauté, mais qui lui a même enlevé très-injustement tout le bien qui lui appartenoit. Je m’étonne qu’une action si injuste, si inhumaine, et qui fait tort à mon autorité, ne soit pas venue jusqu’à moi.»

« Pour faire plaisir à votre majesté, répliqua la fée, je remettrai les deux chiennes en leur premier état ; je guérirai la dame de ses cicatrices, de manière qu’il ne paroîtra pas que jamais elle ait été frappée ; et ensuite je vous nommerai celui qui l’a fait maltraiter ainsi. »

Le calife envoya prendre les deux chiennes chez Zobéïde ; et lorsqu’on les eut amenées, on présenta une tasse pleine d’eau à la fée, qui l’avoit demandée. Elle prononça dessus des paroles que personne n’entendit, et elle en jeta sur Amine et sur les deux chiennes. Elles furent changées en deux dames d’une beauté surprenante, et les cicatrices d’Amine disparurent. Alors la fée dit au calife : « Commandeur des croyans, il faut