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CONTES ARABES.

élevé, il fit hisser les voiles, et m’ôta par-là l’espérance de gagner le vaisseau.

» Je demeurai donc à la merci des flots, poussé tantôt d’un côté, et tantôt d’un autre ; je disputai contr’eux ma vie tout le reste du jour et de la nuit suivante. Je n’avois plus de force le lendemain, et je désespérois d’éviter la mort, lorsqu’une vague me jeta heureusement contre une isle. Le rivage en étoit haut et escarpé, et j’aurois eu beaucoup de peine à y monter, si quelques racines d’arbres que la fortune sembloit avoir conservées en cet endroit pour mon salut, ne m’en eussent donné le moyen. Je m’étendis sur la terre, où je demeurai à demi mort, jusqu’à ce qu’il fût grand jour et que le soleil parût.

» Alors, quoique je fusse très-foible à cause du travail de la mer, et parce que je n’avois pris aucune nourriture depuis le jour précédent, je ne laissai pas de me traîner en cherchant des herbes bonnes à manger. J’en trouvai quelques-unes, et j’eus le