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LES MILLE ET UNE NUITS,

meûnière, elle ne fit nulle attention à lui ; elle ferma sa fenêtre, et ne parut plus de tout le jour. Cependant le pauvre tailleur ne fit autre chose que lever les yeux vers le moulin en travaillant. Il se piqua les doigts plus d’une fois, et son travail de ce jour-là ne fut pas trop régulier. Sur le soir, lorsqu’il fallut fermer sa boutique, il eut de la peine à s’y résoudre, parce qu’il espéroit toujours que la meûnière se feroit voir encore ; mais enfin il fut obligé de la fermer et de se retirer à sa petite maison, où il passa une fort mauvaise nuit. Il est vrai qu’il s’en leva plus matin, et qu’impatient de revoir sa maîtresse, il vola vers sa boutique. Il ne fut pas plus heureux que le jour précédent : la meûnière ne parut qu’un moment de toute la journée. Mais ce moment acheva de le rendre le plus amoureux de tous les hommes. Le troisième jour, il eut sujet d’être plus content que les deux autres. La meûnière jeta les jeux sur lui par hasard, et le surprit dans une