Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
CONTES ARABES.

par leur pesanteur qu’ils sont encore en leur entier ; ou bien nous allons les compter si vous souhaitez. » Ses camarades lui ayant répondu qu’ils se fioient bien à lui, il ouvrit un des sacs et en tira dix dragmes ; les deux autres aveugles en tirèrent chacun autant.

» Mon frère remit ensuite les dix sacs à leur place ; après quoi un des aveugles lui dit, qu’il n’étoit pas besoin qu’il dépensât rien ce jour-là pour son souper, qu’il avoit assez de provisions pour eux trois par la charité des bonnes gens. En même temps il tira de son bissac du pain, du fromage et quelques fruits, mit tout cela sur une table, et puis ils commencèrent à manger. Le voleur, qui étoit à la droite de mon frère, choisissoit ce qu’il y avoit de meilleur, et mangeoit avec eux ; mais quelque précaution qu’il pût prendre pour ne pas faire de bruit, Bakbac l’entendit mâcher, et s’écria aussitôt : « Nous sommes perdus : il y a un étranger avec nous ! » En parlant de la sorte, il étendit la main, et saisit le voleur