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CONTES ARABES.

je vous jure par le nom de Dieu et par la vie du calife, que je suis leur associé, et qu’ils refusent de me donner ma part légitime. Ils se sont tous trois mis contre moi, et je demande justice. » Les voisins ne voulurent pas se mêler de leur contestation, et les menèrent tous quatre au juge de police.

» Quand ils furent devant ce magistrat, le voleur, sans attendre qu’on l’interrogeât, dit en contrefaisant toujours l’aveugle ; « Seigneur, puisque vous êtes commis pour administrer la justice de la part du calife, dont Dieu veuille faire prospérer la puissance, je vous déclarerai que nous sommes également criminels, mes trois camarades et moi. Mais comme nous nous sommes engagés par serment à ne rien avouer que sous la bastonnade, si vous voulez savoir notre crime, vous n’avez qu’à commander qu’on nous la donne, et qu’on commence par moi. » Mon frère voulut parler ; mais on lui imposa silence. On mit le voleur sous le bâton…