Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/218

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blant de boire avec toutes les démonstrations d’un homme qui boit avec plaisir. « Seigneur, dit-il, je trouve ce vin excellent ; mais il n’est pas assez fort, ce me semble. » « Si vous en souhaitez qui ait plus de force, répondit le Barmecide, vous n’avez qu’à parler : il y en a dans ma cave de plusieurs sortes. Voyez si vous serez content de celui-ci. » À ces mots, il fit semblant de se verser d’un autre vin à lui-même, et puis à mon frère. Il fit cela tant de fois, que Schacabac, feignant que le vin l’avoit échauffé, contrefit l’homme ivre, leva la main et frappa le Barmecide à la tête si rudement, qu’il le renversa par terre. Il voulut même le frapper encore ; mais le Barmecide présentant la main pour éviter le coup, lui cria : « Êtes-vous fou ? » Alors mon frère se retenant, lui dit : « Seigneur, vous avez eu la bonté de recevoir chez vous votre esclave, et de lui donner un grand festin : vous deviez vous contenter de m’avoir fait manger ; il ne falloit pas me faire