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CONTES ARABES.

propre douleur, et celle que lui faisoit voir sa maîtresse, lui avoient ôté la parole.

Ebn Thaher, qui n’aspiroit qu’à se voir hors du palais, fut obligé de les consoler, en les exhortant à prendre patience. Mais l’esclave confidente vint interrompre : « Madame, dit-elle à Schemselnihar, il n’y a pas de temps à perdre : les eunuques commencent à arriver, et vous savez que le calife paroîtra bientôt. » « Ô ciel, que cette séparation est cruelle, s’écria la favorite ! Hâtez-vous, dit-elle à sa confidente. Conduisez-les tous deux à la galerie qui regarde sur le jardin d’un côté, et de l’autre sur le Tigre, et lorsque la nuit répandra sur la terre sa plus grande obscurité, faites-les sortir par la porte de derrière, afin qu’ils se retirent en sûreté. » À ces mots elle embrassa tendrement le prince de Perse sans pouvoir lui dire un seul mot, et alla au-devant du calife dans le désordre qu’il est aisé de s’imaginer.

Cependant l’esclave confidente con-