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LES MILLE ET UNE NUITS,

vit qu’il se passoit quelque chose dans le jardin qui l’obligea de garder le silence, et d’y prêter son attention.

En effet, le calife avoit ordonné à une des femmes qui étoient près de lui, de chanter sur son luth ; et elle commençoit à chanter. Les paroles qu’elle chanta étoient fort passionnées ; et le calife persuadé qu’elle les chantoit par ordre de Schemselnihar qui lui avoit donné souvent de pareils témoignages de tendresse, les expliqua en sa faveur. Mais ce n’étoit pas l’intention de Schemselnihar pour cette fois. Elle les appliquoit à son cher Ali Ebn Becar, et elle se laissa pénétrer d’une si vive douleur d’avoir devant elle un objet dont elle ne pouvoit plus soutenir la présence, qu’elle s’évanouit. Elle se renversa sur le dos de sa chaise qui n’avoit pas de bras d’appui, et elle seroit tombée, si quelques-unes de ses femmes ne l’eussent promptement secourue. Elles l’enlevèrent et l’emportèrent dans le salon.

Ebn Thaher, qui étoit dans la ga-