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CONTES ARABES.

vous à l’assaut le plus terrible que vous ayez eu à soutenir de votre vie. »

« Dites-moi en deux mots ce qu’il y a, reprit le prince, et ne me faites pas languir ; je suis prêt à mourir s’il en est besoin.

Le joaillier lui raconta ce qu’il venoit d’apprendre de la confidente, « Vous voyez bien, continua-t-il, que votre perte est assurée. Levez-vous, sauvez-vous promptement : le temps est précieux. Vous ne devez pas vous exposer à la colère du calife, encore moins à rien avouer au milieu des tourmens. »

Peu s’en fallut qu’en ce moment le prince n’expirât d’affliction, de douleur et de frayeur. Il se recueillit, et demanda au joaillier quelle résolution il lui conseilloit de prendre dans une conjoncture où il n’y avoit pas un moment dont il ne dût profiter. « Il n’y en a pas d’autre, repartit le joaillier, que de monter à cheval au plutôt, et de prendre le chemin d’Anbar[1]

  1. Anbar étoit une ville sur le Tigre, à vingt lieues au-dessous de Bagdad.