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CONTES ARABES.

mettre les armes bas, et à s’abandonner à leur discrétion. Les voleurs leur donnèrent la vie ; mais après qu’ils se furent saisis des chevaux et du bagage, ils les dépouillèrent, et en se retirant avec leur butin, ils les laissèrent au même endroit.

Lorsque les voleurs furent éloignés : « Hé bien, dit le prince désolé au joaillier, que dites-vous de notre aventure et de l’état où nous voilà ? Ne vaudroit-il pas mieux que je fusse demeuré à Bagdad, que j’y eusse attendu la mort, de quelque manière que je dusse la recevoir ? »

« Prince, reprit le joaillier, c’est un décret de la volonté de Dieu : il lui plaît de nous éprouver par afflictions sur afflictions. C’est à nous de n’en point murmurer, et de recevoir ces disgrâces de sa main avec une entière soumission. Ne nous arrêtons pas ici davantage ; cherchons quelque lieu de retraite, où l’on veuille bien nous secourir dans notre malheur. »

« Laissez-moi mourir, lui dit le prince de Perse : il n’importe pas que